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Chaque fois qu’un camion se libérait de sa charge, Roland savait qu’il venait de poser une pierre à l’édifice et que l’ouvrage avançait au rythme que lui-même imprimait, sorcier qui agit à distance mais dont toutes les fourmis ouvrières dépendent pour la précision de leurs mouvements. L’œil parcouru d’éclairs enthousiastes, il regardait parfois l’amont de la rivière comme on lance un défi, il se permettait un bref moment de rêve en imaginant de nouveau l’eau, car c’était elle qui le guidait en définitive, puis il remettait son chantier à la juste cadence, accumulant les tonnes de roches de moraine et les tonnes de granit provenant de l’excavation. Il savait qu’il était en train de réaliser un ouvrage démesuré, mais il n’avait pas une conscience claire du fait que, dans l’érection de ce seul barrage, il transportait dix fois plus de pierre que les Égyptiens n’en avaient déplacé pour construire la pyramide de Chéops.

Cette pyramide moderne, c’est le complexe de la baie James dont L’eau blanche retrace la construction de 1966 à 1979. Maître d’œuvre de ce titanesque chantier, l’ingénieur Roland Thibaudeau le mène à bien malgré de nombreux écueils dont le moindre n’est pas la bêtise des gouvernants peu soucieux de respecter les droits territoriaux des Amérindiens. L’un de ceux-ci, Mindosh, tiraillé entre sa culture crie et son attirance pour le mode de vie des Blancs, incarne par ailleurs leur quête d’identité. Un roman épique!

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Date de parution
16 septembre 2008
Nombre de pages
270
Langue
Français