« Je vais te promettre une chose, ma grande tige : là-bas, au Campement, y’en aura pas, mais pas pantoute, de cachotteries. Tu vas voir c’est quoi, la vraie vie, dans’ brousse pis en toute liberté. La réalité des femmes qui ont choisi cette vie-là. Ça leur a coûté cher, tu peux même pas t’imaginer… J’ai confiance en toi, Thalie. Tu vas savoir quoi mettre dans tes rapports. Ça va être à toi de décider si tu veux faire partie du monde des machines ou de celui des fées. »
Elles veillent. Sèment, plantent, cueillent. Récoltent cocottes, sang et larmes pour que la forêt renaisse, grandisse, nourrie de leur force ainsi que de leurs espoirs. Si elles courbent l’échine, c’est pour observer la vie de plus près, jamais pour se soumettre aux ordres des puissants. Il faut les voir s’entraider, dans l’ombre et le secret, quitte à alimenter les rumeurs les plus folles…
On les dit sorcières, on les juge rebelles, elles sont surtout mères.
On en parle
Son nouvel univers, dystopique, esquisse habilement les frontières et les conséquences d’un futur régi par les hommes et les algorithmes, tout en refusant le cynisme instinctif qui accompagne ce type de proposition. Sa plume furieuse et lyrique est parfois pléthorique, mais assumée, dans cette volonté d’épouser les cris du coeur d’une planète qui se meurt.
— Anne-Frédérique Hébert Dolbec, Le Devoir, 21 octobre 2023
Et le monde qui se révélera à elle la changera à jamais, à commencer par ces planteuses d’arbres acharnées, increvables, qui ont créé, loin de toute forme de civilisation, une véritable sororité, et un lien intime avec cette nature qu’elles mettent tout en œuvre pour faire revivre. Comme dans tous les romans de l’autrice, mais de façon sans doute encore plus assumée, la féminité se fait puissante, quasi mystique, passeuse de savoirs ancestraux, gardienne de Gaïa.
– Iris Gagnon Paradis, La Presse, 12 octobre 2023