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Peu loquace dans la vie, Roméo Morin n’a pas la langue dans sa poche dans ce récit où il raconte, d’une manière savoureuse, autant les bonheurs et les espoirs déçus de sa vie passée que son séjour de quatre semaines au Guatemala où, avec sa femme Marie et cinq autres bénévoles, il construit une classe supplémentaire à une école. Comme il aimerait, parfois, être Bob Morane plutôt qu’un plombier à la retraite incapable de dire non à sa femme, dont il est toujours amoureux fou après 40 ans de mariage! Roméo ne sortira pas indemne, ni physiquement ni moralement, de ce voyage qui tournera au cauchemar, mais qui lui apportera aussi l’une des plus grandes joies de sa vie.

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Extrait

Qu’avons-nous fait, qu’avons-nous vu jusqu’ici? Bien sûr, des enfants analphabètes pourront apprendre à lire et à écrire dans la salle d’école construite de nos mains nues, brique par brique. Ils pourront jouer dans une cour d’école propre où quelques cailloux ont été remplacés par des fleurs et où a poussé un panier de basket-ball. C’est vrai. Vrai aussi que nous avons rencontré […] des tas de gens extraordinairement courageux et généreux. À croire que ce pays est peuplé de héros et de saints.

Et quoi d’autre, Roméo? Rien? Mais si! […] Les rats galopant dans les rues sales des bidonvilles, les camionnettes chargées de soldats à tête de tueurs, armés jusqu’aux dents, les enfants rachitiques et dépenaillés, le ciel de Guatemala Ciudad lourd de déchets toxiques, les cabanes délabrées des travailleurs des plantations, les demeures somptueuses des propriétaires de ces mêmes plantations, les ruines laissées par les éruptions volcaniques, les guerres civiles et les tremblements de terre. De quoi comprendre pourquoi ceux qui ont fait de leur vie une lutte contre le capitalisme effréné, l’exploitation colonialiste et la mondialisation semblent toujours se prendre tellement au sérieux et manquer totalement d’humour. Pour être bien franc, moi non plus, je n’ai plus vraiment envie de rire.