Fermer

Paweł Szojchet – qui venait tout juste d’avoir dix-huit ans – s’apprêtait à accomplir un geste qui allait changer sa vie. Son cœur battait à tout rompre. Tout à coup, l’idée qu’il commettait peut-être une terrible erreur le saisit à la gorge.
Il suffoqua.
Il s’assit sur la vieille chaise de bois dans la cuisine. Pour se calmer, il se répéta que sa décision avait été mûrement réfléchie: non, il ne voulait plus être boucher rituel comme son père Shlomo.

La flûte de Rafi s’ouvre sur une rupture: un jeune Juif de Cracovie quitte sa famille. On est le 18 avril 1626. Près d’un siècle plus tard, en 1717, son fils François Vanas, un flûtiste de grand talent et un paysan catholique, meurt en Nouvelle-France, à la fin d’une vie bien remplie. C’est le fascinant parcours de ces deux hommes, marqué de nombreuses autres ruptures, que relate ce roman qui fait revivre, telles qu’elles étaient au XVIIe siècle, les villes de Hambourg, d’Amsterdam et de Rouen, puis la bourgade des Trois-Rivières. On y croise Rembrandt et Radisson, des commerçants juifs et des Filles du Roy. On s’y familiarise avec les techniques picturales, la fabrication des parfums et de la faïence, et toutes les facettes de la vie paysanne de l’époque.

La flûte de Rafi nous rappelle que l’intolérance religieuse s’est longtemps manifestée de manière violente dans la chrétienté. Le roman bouscule une croyance répandue à l’effet que les colons venus en Nouvelle-France étaient tous d’authentiques catholiques français. Il remet en question la notion de Québécois pure laine.

Afficher