Désemparée, après son divorce, une jeune femme revient à Bucarest où, pendant deux ans, elle vit une «période folle». Parallèlement à sa vie d’étudiante, de journaliste et de mère, elle a une liaison avec un peintre marié, dont elle est amoureuse, et elle multiplie les amants de passage. Les raisons qui la jettent dans leurs bras sont diversifiées, et ses ébats sexuels n’ont rien d’hollywoodiens. Oubliez les gémissements lascifs et les draps fleuris; ses amants ont parfois des chaussettes sales, et leurs draps peuvent être rêches. Il y en a de tous les âges et de toutes les conditions sociales, du jeune timide encore puceau au major à la retraite qui compte ses coups de reins, en passant par le soldat affamé et par l’artiste méprisant. Pendant que son peuple s’adapte tant bien que mal à la vie après Ceausescu, la vie sexuelle de cette jeune femme devient tout à la fois l’affirmation de sa liberté, l’expression de son désespoir et un moyen de rédemption.
Extrait
Mon égoïsme […] cachait une véritable volonté de Dieu, qui m’avait poussée à comprendre quel don merveilleux était l’amour des autres. Sur l’échelle de Jacob qui me conduisait au ciel, j’avais rencontré des séraphins et, au lieu de leur parler, j’avais contrôlé le contenu de leurs pantalons. J’étais malade, ivre! Mais, dans cet état de grâce, je m’étais retrouvée moi-même. J’avais compris que je serais blessée tant que je n’accepterais pas qu’une femme puisse cesser de plaire à son mari. Dans la vie de chaque femme, il y a peu d’hommes, parfois aucun, qui l’aiment à la folie. […]
Je me suis accrochée à l’amour physique comme à une bouée de sauvetage, mais je garde l’illusion de ne pas avoir trop humilié les autres, pas plus que moi-même. Après tant d’années, je pense avec amitié à chacun de mes amoureux, d’une nuit ou d’une semaine, et je suis fière de leur virilité, de leur sincérité en amour.
